Le géant russe de la cybersécurité effectue un tournant inattendu à l’approche de son interdiction aux États-Unis. Les utilisateurs américains constatent que leur antivirus Kaspersky a été remplacé par un logiciel dénommé UltraAV.
Cette transition brutale a pris de nombreux clients au dépourvu. Ils se réveillent avec Kaspersky disparu, remplacé par un produit qu’ils ne connaissent pas. Ce changement se produit quelques jours avant l’interdiction totale de Kaspersky, annoncée le 20 juin par le ministère du Commerce. Ce timing semble clairement réfléchi et bien préparé. La société russe, désormais persona non grata, cherche visiblement à limiter les dégâts. De nombreux clients expriment leur mécontentement face à l’absence d’information. Certains s’inquiètent également des implications pour leur sécurité. Kaspersky, longtemps un acteur respecté, ne jouit pas de la même confiance avec son remplaçant.
Pourquoi l’Interdiction de Kaspersky aux États-Unis ?
L’histoire qui a conduit à cette interdiction remonte à 2017, lorsque le gouvernement américain a interdit l’utilisation des produits Kaspersky dans les agences fédérales. En juin 2024, le ministère du Commerce a élargi cette interdiction, stipulant qu’aucun logiciel Kaspersky ne pourra être vendu aux États-Unis après le 20 juillet. Les utilisateurs ont eu jusqu’au 29 septembre pour effectuer des mises à jour de sécurité.
Les tensions ne sont pas nouvelles. Washington soupçonne depuis longtemps Kaspersky d’être un outil potentiel du Kremlin, une accusation que la société a toujours rejetée. Les autorités craignent que le gouvernement russe n’exploite Kaspersky pour des activités d’espionnage ou de sabotage. Gina Raimondo, secrétaire au Commerce, a affirmé que la Russie a prouvé à plusieurs reprises qu’elle pouvait exploiter des entreprises russes pour collecter des informations sensibles américaines.
Inquiétudes en Europe et Transition Vers UltraAV
Ces préoccupations s’étendent au-delà des États-Unis. En mars 2022, l’Office fédéral de la sécurité de l’information (BSI) en Allemagne a déjà mis en garde contre l’utilisation de Kaspersky. Le BSI souligne que les antivirus ont des accès profonds aux systèmes informatiques, ce qui pose des risques dans un contexte de tensions géopolitiques. Avec la guerre de la Russie en Ukraine, l’agence allemande craint que des entreprises russes soient contraintes d’agir de manière offensive ou deviennent des cibles.
Ainsi, de nombreux utilisateurs ont découvert du jour au lendemain qu’un logiciel nommé UltraAV remplaçait leur antivirus habituel. Cette transition a été effectuée par le biais d’une mise à jour automatique, souvent sans préavis.
Bien que certains aient reçu des notifications par e-mail, beaucoup ont été choqués par ce changement. Sur les forums, les critiques affluent, pointant du doigt le manque de transparence de Kaspersky. Installer un nouveau logiciel sans obtenir l’aval des utilisateurs ne passe pas inaperçu.
Il semble que cette transformation soit en réalité le résultat d’un accord commercial. Kaspersky a transféré ses clients américains à Pango, une société de cybersécurité américaine propriétaire d’UltraAV. Cette manœuvre vise manifestement à contourner l’interdiction en transférant les activités à une entité américaine. Cependant, cette solution soulève des questions. UltraAV, en tant que nouvel acteur, n’a pas l’historique de fiabilité de Kaspersky. Les clients se retrouvent avec un logiciel qu’ils n’ont pas choisi, dont l’efficacité reste à prouver.
